dimanche 5 septembre 2010
chicago- sufjan stevens
C'est difficile à croire que ce soit notre tour . Que cette année , on ne se retrouvera pas dans les couloirs en béton du lycée pour se raconter nos exploits des vacances et se dire que cette année sera encore meilleure que le précédente . J'ai posé mes bagages en rentrant de Croatie et je me suis rendue compte que j'avais déja loupé le coche . Où êtes vous ? J'ai passé quelques coups de fil , vous étiez en cours de prépa , vous pouviez pas me répondre . Elle était à Paris , et Elle partait à Londres . Même pas le temps d'en prendre conscience que c'est déjà commencé . Ou fini , ça dépend comme on décide de le voir . Encore une de ces phases indéfinissables qui est censée marquer un tournant dans notre vie . Pour l'instant , ça me donne plus envie de vomir qu'autre chose . Je vous ai revues , j'étais tellement heureuse , et là je réalise qu'il y a quelque chose de différent . Que le fossé a déjà commencé à se creuser . En même temps avec les études qu'on a choisi , comment faire autrement ? On ne peut même pas laisser les choses se faire naturellement , on n'a pas cette option . Ça me fait mal quand les retrouvailles se transforment en adieu . Quand on perd contrôle de tout . Je ne me sens pas prête pour ça . Je pensais que quand ce moment arriverai , on serait en phase avec la situation dans notre tête . Qu'on aurait même plutôt hâte qu'autre chose . Alors pourquoi je me retrouve, quelques jours avant que ce soit mon tour de commencer , à vouloir désespérément vous voir , vous parler , vous avoir près de moi , comme pour me convaincre que c'est toujours pareil , qu'on sera une exception à ces lois qui disent que la vraie vie commence à l'université et que tout ce qu'on a eu avant , amitiés comme amours n'étaient qu'un préambule à ce qui nous attend , que des attaches un peu futiles qui nous ont juste aidés à grandir . Et moi je suis là à essayer de m'accrocher aux derniers liens qui nous unissent encore . Tout va changer , c'est sûr . Même mon mode de vie . Alors je me retrouve à vouloir incurablement profiter de ces derniers jours où je peux faire semblant d'être encore au lycée et trainer dans les cafés , les soirées , descendre soir après soir des bouteilles de vieux pape et fumer cigarette sur cigarette . J'étais debout , la vision brumeuse et un verre de whisky-coca à la main au milieu du 42 , entourée de ces gens qui me manqueront beaucoup moins mais qui m'ont quand même accompagnés tout au long de ces soirées inoubliables , dans cette boite dans laquelle on a tellement de souvenirs , et d'un seul coup l'euphorie s'est transformée en mélancolie . J'ai regardé autour de moi et j'ai réalisé que tout ça allait quand même me manquer l'année prochaine . Que même si ce n'est pas le principal et que je refuse en général de l'admettre , une grande partie de moi est quand même définie par tout ce plan , certes un peu superficiel mais tellement attrayant , dont j'ai pris l'habitude de me nourrir . Je ne peux plus le démentir . Et je vais devoir m'en passer cette année . Me passer de ces soirées , me passer d'elles , me passer de tout mon échafaudage . C'est plus que de l'appréhension , c'est presque de la peur . Aussi épurants soient-ils , ce genre de moments décisifs dans notre vie me donne toujours un peu mal au cœur ..
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